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Vers la fin de l’islam des caves : une nouvelle liberté de culte

Minaret et lumière

Le mouvement est clair : de nombreuses mosquées se sont récemment bâties et les projets de constructions fourmillent. Trouve Ta Mosquée se fait l’écho, au quotidien, de cette évolution fondamentale s’agissant de l’état quantitatif et qualitatif des lieux consacrés au culte musulman. Manifestement, même si des blocages, retards et difficultés diverses persistent ici et là, il semble que l’on peut parler d’une tendance conduisant à la fin de l’islam des caves. Ce mouvement résulte d’une volonté nouvelle des musulmans de mettre un terme à un exercice dégradé de leur culte. On ne peut pas non plus oublier, au titre des facteurs explicatifs, une prise de conscience des pouvoirs publics de la nécessité d’un soutien à l’émergence de lieux de culte dignes. Avant tout pour des raisons d’ordre public, mais aussi, dans certains cas, pour des raisons politiciennes, pour capter un « vote musulman ».

Cette extinction progressive de l’islam des caves, c’est-à-dire un culte exercé de façon clandestine, dans des lieux inappropriés en matière de dignité, confort et sécurité, contribue à donner sa pleine effectivité à la notion de « liberté de culte ». Cette dernière existait théoriquement. Mais les conditions matérielles de son exercice lui faisaient perdre une grande partie de son sens. On ne pouvait pas se réclamer d’une totale liberté de culte à partir du moment où ce dernier s’exerçait dans des conditions matérielles avilissantes. Avec le mouvement en cours de construction des infrastructures nécessaires, c’est une nouvelle liberté de culte qui naît, une liberté entendue comme un principe et une pratique.

La fin de l’islam des caves revigore donc la liberté de culte des musulmans. Cependant, il ne faut pas occulter que cette liberté nouvelle confère de nouvelles responsabilités publiques aux musulmans.

D’une part, ces nouvelles responsabilités apparaissent à l’échelle de la communauté musulmane. En effet, il faut affirmer clairement que les structures et personnes engagées dans le mouvement de construction des mosquées sont responsables devant la communauté musulmane. Ils sont responsables de la bonne gestion des infrastructures créées, de leur bonne image de marque. En somme, la fin de l’islam des caves crée littéralement une nouvelle obligation de bonne administration des biens affectés directement ou indirectement au culte musulman. Cette situation implique elle-même deux choses. D’abord, que les responsables des différentes infrastructures en cause admettent et intègrent cette nouvelle exigence d’une responsabilité devant leur communauté, pour leur gestion. Ensuite, que la communauté ne se contente pas d’indifférence et de jugements oraux pour s’impliquer dans un contrôle au quotidien de l’action de ceux qui, en son nom, gère des biens affectés au culte.

D’autre part, ces nouvelles responsabilités apparaissent à l’échelle de la société toute entière. Disons-le sans détour, le contexte est peu favorable à la figure du « musulman », promis à constituer une forme de bouc émissaire pour les difficultés sociales voire un ennemi civilisationnel. Dans un tel contexte, il est parfaitement impératif que le mouvement tendant à la multiplication des lieux de culte musulmans sur l’espace public ne soit pas instrumentalisé en défaveur de la communauté musulmane. Cela suppose, comme dit précédemment, une gestion rigoureuse des infrastructures concernées ainsi qu’une communication adéquate pour faire entendre une voix unie et influente. Finalement, on ne peut que conclure sur l’exigence renouvelée d’une véritable structuration des musulmans, en particulier ceux qui assurent au quotidien de lourdes tâches d’administration et d’animation des biens affectés au culte musulman, dans des organes à même de mutualiser leurs efforts, contrôler la bonne administration des infrastructures et porter une voix institutionnelle unie, donc influente, dans l’espace public.

Al-Saffâh

crédit photo : Vega

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