Selon l’État, les fermetures de mosquées sont justifiées par la lutte contre le séparatisme et le radicalisme islamique. L’une des principales raisons invoquées est que certaines mosquées sont accusées de propager des discours incitant à la haine, à la violence, ou prônant le non respect des lois républicaines.
Cependant, la réalité est plus nuancée. Des sociologues ont souligné que ces mosquées ne sont plus les épicentres du prosélytisme radical, et que la plupart des musulmans qui y prient sont des citoyens respectueux des lois. Parmi eux, on peut citer Olivier Roy politologue et spécialiste de l’islam en Europe a souvent affirmé que la radicalisation ne se déroule pas principalement dans les mosquées, mais plutôt en dehors, dans des contextes sociaux spécifiques, comme les prisons ou les réseaux en ligne. Il soutient que les mosquées, dans la grande majorité, ne sont pas des foyers de radicalisation (Le Monde). D’autres également comme François Burgat sociologue et politologue spécialisé sur le monde arabe a critiqué la stigmatisation des mosquées et la surenchère sécuritaire en France, soulignant que la majorité des lieux de culte musulmans ne sont pas des centres de prosélytisme radical, mais des lieux de prières pacifiques (journals.openedition.org).

Les exemples concrets de fermetures dans différentes régions
Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur, il existe 2600 lieux de culte musulman, dont environ 900 mosquées ont été construites ou rénovés expressément à cet effet.
Après sept ans à la tête de l’État, on dénombre approximativement 718 fermetures sous la présidence d’Emmanuel Macron. Divers établissements ont été fermés, parmi lesquels :
1. Des Mosquées
Dès l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité intérieure, entre 2017 et 2018, sept mosquées ont été fermées. À ce jour les chiffres publiées par le ministère de l’Intérieur mentionnent précisément 89 mosquées fermées. parmi celles-ci, 36 sont restées ouvertes après à un changement d’imam ou de gouvernance associative, 22 ont été fermées définitivement, et 31 font l’objet d’investigations plus approfondies. Parmi ces chiffres, 18 mosquées se trouvent en région parisienne, tandis que les 71 autres sont réparties dans le reste de la France.
Parmi les mosquées qu’on a pu identifier, on retrouve notamment :
– Mosquée de As-Sounna de Marseille (13), fermée définitivement depuis le 11 décembre 2017
– Mosquée de Pantin (93) fermée temporairement en octobre 2019
– Mosquée de Goussainville (95), fermée en 2020 en raison de soupçon de radicalisation
– Mosquée de Beauvais (60), fermée le 27 décembre 2021 pour une durée de six mois
– Mosquée de Cannes (06), fermée temporairement en 2022 en raison d’erreurs administratives
2. Salles de prière
Le ministère de l’Intérieur n’a pas révélé de chiffres exacts concernant les salles de prière, mais on estime 22 salles de prière ont été fermées entre 2017 et 2024.
– 4 salles de prières en Île-de-France : une à Sartrouville (78), dans la cité des Indes (rue Maurice Audin), et une autre à Fontenay-aux-Roses (92), dans la cité des Blagis, qui a été réouverte un mois après sa fermeture.
– Salle de prière de Sevran et Bobigny (93), fermée définitivement depuis 2021
– Salle de prière de Thiers (63), fermée définitivement depuis janvier 2021
– Salle de prière d’Obernai (67), fermée définitivement depuis octobre 2022
3. Écoles privées et coraniques
En ce qui concerne les écoles privées musulmanes, le chiffre exact reste flou, mais on estime une dizaine d’écoles coraniques et au moins 5 établissements privés ont été fermées entre 2020 et 2023.
Les raisons de ces fermetures sont variées, mais beaucoup sont accusées de ne pas respecter les lois républicaines, notamment en matière de laïcité.
On retrouve parmi les établissements fermés :
– École Al-Aqsa de Marseille (13), fermée en 2018 car non déclarée
– École Philippe Grenier de Besançon (25), fermée définitivement depuis février 2019
– École Al-Qalam de Montfermeil (93), fermée définitivement depuis 2020
– École Al Badr de Toulouse (31), fermée définitivement depuis août 2021
On peut également noter la perte annuelle de financement gouvernemental d’une valeur d’environ 2 millions d’euros de l’école Averroès, le plus grand établissement privé musulman de France.
4. Associations
Environ 30 associations ont été dissoutes. Ces dissolutions ont été motivées par des accusations variées, notamment la promotion de discours extrémistes, d’incitation à la haine ou à la violence, ainsi que le non-respect des valeurs républicaines. Parmi les plus notables, Barakacity et le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF), toutes deux dissoutes en 2020. Le gouvernement, notamment sous la direction de Gérald Darmanin, a renforcé ces mesures dans le cadre de la loi contre le séparatisme, visant à réduire l’influence jugée hostile aux principes de la république.
Ces actions ont bien été évidemment contestées par les musulmans en France, mais aussi par des ONG telles qu’Amnesty international, qui a dénoncé ces dissolutions comme un acte très grave de la part du gouvernement français.
Selon le gouvernement, dans le cadre de la lutte contre le séparatisme islamiste en France, environ 30 associations en ont été dissoutes. Ces mesures sont comme comme arbitraires et injustes par de nombreux observateurs car plusieurs de ces associations jouaient un rôle utile pour la communauté musulmane.
Parmi les autres associations dissoutes, on peut citer :
– Deux associations gérantes de la mosquées d’Allones (Sarthe)
– L’association « Coordination Contre le Racisme et l’Islamophobie, dissoute en 2021
– Le Centre Zahra de la Grande-Synthe (59), dissous en 2021
– L’association Islamic Nissart Unity de Nice (06), dissoute en 2021
– L’association « Ligue de la Défense Noire Africaine », dissoute en 2021
Dans chaque cas, les responsables associatifs dénoncent des décisions injustes, parfois basées sur des preuves contestables. Malheureusement, les dirigeants ont rarement gain de cause en justice.
Une partie de la communauté musulmane perçoit ces fermetures comme une punition collective et une stigmatisation des musulmans de France. Beaucoup estiment qu’il s’agit d’un excès de zèle administratif, avec des décisions prises sur la base de suspicions parfois infondées.

