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De quoi l’hystérie anti-voile est-elle le nom ?

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Samedi 18 juin, 14 heures. Je découvre l’article faisant la Une du Figaro sur internet : « Les candidates voilées peuvent passer le bac ». En illustration, une photo de 4 jeunes filles voilées. Ce qui parait évident, c’est que l’image vise clairement à effrayer, en donnant l’impression d’une invasion massive de l’école républicaine par des jeunes filles voilées. De même, le titre de l’article sonne un constat désapprobateur, un état de fait condamnable.

Pourtant, la légende indique clairement que la photo fut prise dans un lycée privé musulman, où le port du voile est par principe admis. Par ailleurs, l’article rappelle,  rapidement et en milieu de contribution, que si le droit interdit le port du voile pendant les cours au sein de l’école publique, cette interdiction ne vaut pas pendant le baccalauréat. Les jeunes lycéennes suivant les cours par le CNED pour des raisons religieuses peuvent donc composer normalement durant les épreuves du bac, en gardant leurs voiles. En clair, on voit assez mal l’intérêt d’un tel article, surtout en Une, au vu de l’actualité nationale et internationale.

On peut être surpris devant cet acharnement médiatique à l’encontre de quelques centimètres de tissu. De quoi l’hystérie anti-voile est-elle le nom ?

En réalité, il me semble que l’on doit rechercher les raisons profondes de la situation actuelle dans les faiblesses intrinsèques de la France. Cette dernière traverse des crises profondes, politiques, sociales, économiques. On peut même parler d’une crise civilisationnelle. Un système politique qui ne parvient plus à réguler le réel, une économie en décrochage constant face aux géants en émergence (on a assez parlé de la Chine, du Brésil, de l’Inde…), une influence internationale en déclin, un pacte social déséquilibré. La France, pays se désirant phare culturel et modèle politique, n’éclaire plus grand monde et doute d’elle-même. En conséquence, la France se crispe. Dans cette perspective, l’hystérie anti-voile, loin d’être une profession de foi républicaine, apparait comme une manifestation du doute national français. En l’absence d’ambition nationale, de projet national transcendant et guidant le destin de la République, on se terre derrière une ligne Maginot censée protéger un réduit national mythique. L’Islam, les musulmans, sont, dès lors, des menaces potentielles. Toutefois, ne nous y trompons pas : si cela n’avait pas été l’Islam, c’est une autre religion, une autre doctrine, une autre population qui aurait cristallisée les ressentiments. L’hystérie anti-voile n’est que le nom des frustrations françaises.

As-Saffâh

crédit photo: Figaro

Vos réactions 2réaction(s)

  • 1
    cornetti 7 novembre 2010

    je suis d’origine chrétienne et je ne peux que vous donner entièrement raison.
    la laïcité a remplacé un moment la religion traditionnelle mais elle a ensuite dérivé vers une culture de l’égoïsme et les courants politiques qui ont senti le danger sont devenus de dangereux utopistes car niant toute réalité au profit de leur nouveaux dogmes.
    Mais comment réussir la cohabitation entre deux populations (je parle des chrétiens d’origine et des musulmans) si les musulmans font du prosélytisme excessif et quelques fois de la provocation, autant que la minorité Front National le fait avec une grande bêtise ?

  • 2
    cornetti 7 novembre 2010

    je souhaiterai continuer car cette question est devenue pour moi fondamentale, bien plus que le PIB à +2%ou à -1,5%.
    Je vois les églises catholiques, immenses et vides de fidèles, alors que, vous, musulmans, pratiquez une Foi dévorante et visible;
    que ne met-on pas à votre disposition ces lieux où l’esprit humain a cherché à communiquer avec l’Indiscible?
    je sais que l’oeucuménisme ne se réalise que dans quelques aéroports sous forme de salle de prière ouverte à tous les cultes.
    Mon Dieu que je serais heureux si l’Eglise de mon enfance faisait cette démarche de la « main ouverte »
    mais je rêve tout éveillé,
    alors j’arrête là mon message, qui vient, croyez-le, sincèrement du fond de mon coeur.

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