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Béziers, son soleil, ses plages… et son islamophobie !

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Béziers… Son soleil, ses plages, ses petites balades ombragées sur le canal du midi, ses écluses, et… Béziers et son islamophobie ! La ville de Pierre-Paul Riquet et surtout du résistant Jean Moulin a succombé à l’appel national de la haine du musulman et du « tout-ce-qui-ressemble-de-près-ou-de-loin-à-un-arabe-ou-à-un-pratiquant-de-la-religion-mahométane ». Passage en revue de notre histoire avec en toile de fond l’ère coloniale et un retour improbable des heures les plus sombres de notre histoire, mais sans uniforme cette fois. Quoique ! Ce qui nous montre que la « crise » actuelle n’est autre que celle du cœur et de la moralité.

Croix gammées sur la mosquée, humiliations, ordre d’enlever son foulard, joutes verbales et quolibets, agressions, on a tout vu depuis 2010 dans cette ville moyenne de 70 000 habitants. Enfin, on le croyait sincèrement…

Depuis quelques temps, l’adage de la police national « Protéger et servir » vole en éclat et a même du plomb dans l’aile. Le CCIF Béziers (Collectif Contre l’Islamophobie en France) a fort à faire depuis la création de son antenne locale il y a deux mois. L’association représentée par Mehdi ROLAND incite les victimes d’islamophobie à porter plainte car le commissariat central de la ville « oublie » que cela est grave et refuse de facto d’établir le précieux sésame qui ouvre les portes à une procédure en bonne et due forme. Que nenni ! « Vous vous êtes fait agresser ? Ce n’est pas grave, on va remplir une petite main-courante qu’on jettera à la poubelle juste derrière, voilà! Il fait chaud aujourd’hui, vous ne trouvez pas ?» croirait-on entendre. Le CCIF donc avec son service juridique, appelle le commissariat, ou se rend directement sur place pour tomber sur des policiers un peu plus intègres que la moyenne. Les plaintes sont alors reçues.

« TU VAS REJOINDRE TON PROPHETE EN ENFER ! »

Au mois de mai dernier, une agression violente se produit à 200 mètres environ du fameux poste de police. Un individu indélicat monte volontairement sur le trottoir et tire le frein à main de sa voiture devant la poussette que venait de sortir Mme B. de son domicile. L’objet fut touché mais heureusement elle tenait dans ses bras sa fille de 14 mois. Puis l’homme descendit de sa voiture avec une barre de fer pour frapper la musulmane. Par chance, un voisin de la scène parvint à retirer cette arme des mains de l’agresseur. Depuis plusieurs mois, cette rue vit sous la peur car l’agresseur est connu, il habite la même rue et terrorise tout ce qui ressemble à un étranger, mention spéciale aux musulmans, évidemment. Il s’approche alors de la pauvre femme, enfant dans les bras, il lui assène de violents coups au visage avec ses deux mains puis lui attrape le visage et la plaque contre le mur la tête la première. La victime est sous le choc, elle n’a pu se défendre ou limiter les attaques car elle portait dans les bras ce qu’elle avait de plus cher. Cette maman a été d’un immense courage.

Depuis quelques mois, le harcèlement s’amplifiait, des bras d’honneur, des insultes avec le classique « sale arabe » et l’original « Tu vas rejoindre ton prophète en Enfer » pour ne citer qu’eux, mais aussi une chasse aux sorcières (comprenez les femmes voilées) dès qu’elles s’approchaient du domicile de la femme, le voisin raciste et islamophobe avait créé une sorte de check-point dans la rue régissant ainsi les allées et venues.

La police est prévenue et une patrouille arrive deux heures après les faits. Les deux soit-disant policiers,  interpellent la femme en lui demandant expressément ses papiers d’identité. Elle s’exécute, même si elle préférerait que les deux « agents de la paix » interviennent auprès de l’agresseur toujours sur les lieux. Pire, ils menacent la victime en l’avertissant qu’il y avait un problème car l’adresse sur sa pièce d’identité n’est pas la bonne ! C’est bien le moment ! Le policier tenant les papiers va s’acharner sur ce fait. « Vous venez demain avant 13h pour me changer ça. ». Mme B. de répondre : « Mais vous ne vous occupez pas de moi, je viens de me faire agresser ? ». Pendant ce temps, notre boxeur insulte devant la police la dame encore sous le choc et cette dernière interpelle les forces de l’ordre : « Mais vous n’entendez pas ce qu’il me dit là devant vous ?!! ». De répondre : « Nous, on a rien vu. Venez demain avant 13h au commissariat. Adieu. ». Puis lançant à l’homme : « Vous pouvez porter plainte monsieur si vous voulez. » rajoute dans l’incompréhension et le ridicule le plus total le policier. Ils laisseront la victime entre les mains de son propre agresseur. Cette non-assistance à personne en danger aurait pu avoir de graves conséquences… Pour clôturer cette scène nauséabonde, les policiers en partant passent devant la « victime » en voiture et le policier lui redemande sa pièce d’identité. Etonnée, la pauvre femme répond désabusée : « Mais pourquoi ? ». Le policier montre son blason et lui dit : « Qu’est ce qu’il y a marqué là?:POLICE. ». La victime s’exécute de nouveau, le policier note probablement le numéro de la carte, lui rend puis ils partent. Clap de fin.

Vous en voulez encore ? Le sketch sans caméra continue… La pauvre femme va porter plainte au commissariat. Elle aura au total dix témoins. Mais là, rebondissement (encore), l’agent à l’accueil refuse la plainte et propose à la victime de l’agresseur (et des policiers) une simple main-courante !

Le CCIF interviendra le lendemain afin de faire prendre la plainte… Triste histoire.

Passons sur les autres abus de pouvoir constatés impliquant d’autres policiers, un adjoint du préfet, un juge… qui prennent les musulmans pour des proies faciles et un moyen d’évacuer leur frustration, voire leur haine. Certains n’hésitent pas à s’inviter dans des fast-foods le soir et oublient de payer, connivence forcé ou réel harcèlement ? Faites vos jeux ! Il y a ce juge aussi au tribunal qui a humilié des femmes voilées passant par les policiers présents pour faire retirer tout couvre-chef confessionnel à l’entrée de la salle d’audience. En tout cas, de nombreux cas mettent en cause l’intégrité de certains « cow-boys » censés représenter l’ordre et la justice, le juste équilibre d’une vie en société. C’est le problème lorsque l’on mélange travail et opinions personnelles et donc privées.

« On n’en peut plus. Les fidèles nous ramènent les procès-verbaux, ils ne comprennent pas et nous aussi. »

Et puis il y a cet acharnement récurrent sur la grande mosquée de Béziers depuis 2011. La mosquée se situe pourtant dans une ZAC, une zone loin du centre-ville mêlant grandes enseignes, concessionnaires et garages auto, lotissements… Un quartier sans bruit, sans problème, inconnu de la rubrique « faits divers ». Et pourtant, c’est bien là que la police a jeté son dévolu nocturne en inondant les voitures des usagers de la mosquée de PV. Bizarrement seule cette rue, la rue Dimitri Amilakvari, et pas les autres autours, à coutume de recevoir la fougue des agents de la paix. Des plaintes contre ce rassemblement? Non. Alors pourquoi cet acharnement bien volontaire ?

L’association de la mosquée et son président, M.Daoudi, tirent la sonnette d’alarme : « On n’en peut plus. Les fidèles nous ramènent les procès-verbaux, ils ne comprennent pas et nous aussi. Ce qui nous agasse c’est que c’est toujours le soir suivant les heures des prières entre 21h30 et 22h30 en ce moment. C’est un lieu qui accueille du public, il faut bien que les gens se garent dans cette rue, qui plus est, est déserte, et qui ne dérangent personne. La tolérance ne s’applique qu’au match de rugby au stade de la Méditerranée, au marché aux puces, à la féria, etc. Pas la mosquée comme par hasard, avec ce climat, c’est cette vision partiale de la police qui nous fait craindre à une diatribe et à un acharnement contre notre communauté. »

De ce fait, l’église évangélique mitoyenne de la mosquée en fait les frais également lorsque la police est présente les mardis et vendredis soir, jours d’étude biblique dans cette rue. Le pasteur Frédéric Nicolas accuse le coup également et est témoin de cet acharnement disproportionné.

On pourrait dire, ils font leur travail sauf que leurs méthodes montrent le contraire. La patrouille est passée le 24 mai et le 31 mai puis le 22 juin. Un témoin raconte ce jeu du chat et de la souris : « Hier (ndlr : le 22 juin), j’étais dehors devant la mosquée. La voiture de police ne faisait que passer. J’étais intrigué par ce manège incessant. Ils ne se sont pas arrêtés pour me parler alors qu’il n’y a que notre mosquée d’ouverte dans la rue à cette heure-ci. Puis la prière commence, je ne peux donc pas rester dehors pour savoir ce qu’ils cherchent réellement, donc je rentre dans le lieu de culte pour célébrer la prière en commun qui ne dure que 5 à 10 min. Dés que j’ai tourné les talons, ils se sont donc empressés de verbaliser tous les véhicules qui n’ont pas trouver de place dans notre parking. On a pu le constater malheureusement dès que nous sommes sortis de la mosquée. ».

Cette méthode est monnaie-courante. Lors du Ramadan 2011 déjà, en pleine féria de Béziers, à la mi-août, alors que le centre-ville est à feu et à sang (au sens figuré comme au sens propre : bagarres, alcool, comas éthyliques, problèmes de stationnement, feux de poubelle, actes d’incivilités, etc.), les jeunes bénévoles de la mosquée veillent au respect du stationnement et du voisinage pour atténuer toute nuisance car l’affluence des fidèles est importante. Ils aident les fidèles à garer les véhicules en bonne et due forme.

Malgré tout le travail ce soir là, la police nationale fait l’exclusivité à la mosquée de passer tout de même pour mettre des PV pour les voitures stationnées… à cheval sur le trottoir ! Oui car les voitures se garent à cheval sur le trottoir pour gêner le moins possible aidées par les jeunes bénévoles.

Un policier avait apostrophé un responsable, une discussion rapide où il disait « Aujourd’hui c’est gratuit. » en voulant dire que dès le lendemain ils allaient aligner. Comment faire dans un moment exceptionnel tel le Ramadan ? Pourquoi n’y a-t-il pas cette tolérance où ailleurs on la trouve ? Pourquoi cette menace sur ces gens venus prier ?

« Il ne faut pas que les lieux de culte et les citoyens musulmans deviennent les défouloirs des pensées racistes et xénophobes. »

L’association de la mosquée n’a reçu aucune visite ou appel de la police pour une médiation si un problème réel est à l’origine de cela. Non, la sanction prime. Surtout qu’il n’y a pas de plaintes ou de pétition contre le lieu de culte ou de courriers de voisinage. Tout va bien.

La municipalité a, par ailleurs, été contactée mais elle ne peut rien faire car il s’agit de la police nationale et non de la municipale. Ils reconnaissent l’exagération des faits.

Mehdi Roland du CCIF Béziers essaie de comprendre ces faits : « Il faut savoir si c’est une affaire de quelques éléments dans la police prenant des libertés selon leurs sensibilités politiques ou si cela vient de plus haut, du ministre de l’intérieur et accessoirement des cultes. Il ne faut pas que les lieux de culte et les citoyens musulmans deviennent les défouloirs des pensées racistes et xénophobes. »

Quoiqu’il en soit, la grande mosquée de Béziers reçoit régulièrement la visite dissimulée de la police. L’association gérante de la mosquée a peur que le Ramadan soit une nouvelle occasion de stigmatiser une communauté pourtant si calme et sans problèmes.

A Béziers, le contexte islamophobe est bien présent et l’ancien journaliste-polémiste Robert Ménard, se présente pour ravir la mairie lors des prochaines élections municipales de 2014. Le FN le soutient désormais. Renié par « Reporters Sans Frontières » pour ses idées nauséabondes, l’ancien fondateur de cette organisation n’hésite pas à être agressif contre l’islam et les musulmans. Récemment dans le journal qui porte si bien son nom, « Valeurs actuelles », Robert Ménard, l’infréquentable, vomit tout son racisme et son islamophobie « On ne peut faire fi de ce qui se passe, de ce que l’on voit. La question de l’immigration est de ce point de vue, centrale. Tout comme celle d’un islam toujours plus voyant, agressif, conquérant. ».

Islam, deuxième religion du pays, avec ses mosquées françaises (ça doit faire grincer des dents !), musulmans et musulmanes par millions, toutes ces composantes font désormais parties du patrimoine de la France. Gageons que la France, comme à Béziers, Argenteuil ou d’autres villes, ne tombe pas dans une période sombre basculant le pays dans la haine dangereuse de l’autre car la banalisation actuelle nous fait tristement penser à la banalisation des actes antisémites, prémices de la seconde guerre mondiale. Citons aussi non loin de ces idéaux, l’apartheid en Afrique du Sud il n’y a pas si longtemps que ça. Il est temps de revoir nos principes, et vite !

E.L.

Vos réactions 1réaction(s)

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    Coincoin 29 juin 2013

    Je doute que ce commentaire paraisse mais je le poste quand même.
    Le Haut Conseil à l’Intégration rappelle unanimement qu’en République, la critique de la religion comme de toutes les convictions est libre, qu’elle est constitutionnellement garantie et qu’elle fait partie de la liberté d’opinion et d’expression. Elle ne saurait être assimilée à du racisme ou de la xénophobie que les membres du Haut Comité à l’Intégration réprouvent et combattent activement. La pratique de la religion étant libre, l’islamophobie, c’est à dire la peur ou la détestation de la religion islamique ne relève pas du racisme. H.C.I, rapport annuel 2005.

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