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J’ai traversé le pont d’Allenby entre la Jordanie et la Palestine

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Ce n’est un secret pour personne, la Palestine est un pays occupé et aujourd’hui c’est l’occupant qui contrôle les frontières du pays. Lorsque j’ai annoncé mon voyage en Palestine à mes proches, la première question qu’ils m’ont posée était :  « comment vas-tu passer la Frontière ? Et la seconde : « oui, mais avec un visa israélien, tu ne pourras jamais rentrer en Arabie Saoudite et faire ta Omra ». Deux questions qui montrent bien l’idée globale que nous nous faisons sur la possibilité d’aller en Palestine et plus particulièrement à Jérusalem. Je vais tenter de répondre à ces questions en vous racontant cette journée où j’ai traversé la frontière entre la Jordanie et la Palestine.

Dimanche 13 avril 2014

6h00 – le réveil sonne, il faut se lever, après à peine 4h de sommeil. Pas le choix, plus tôt on partira et plus tôt on arrivera à Al Qods. Objectif : faire la prière du Maghreb à la mosquée Al Aqsa. Insha’Allah

7h30  – tous les pèlerins sont dans le car, prêt à prendre la direction du pont d’Allenby à 70 km environ. C’est le point de passage et de contrôle israélien pour entrer en Palestine

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8h00 – nous sommes en plein embouteillage à Amman et le guide jordanien en profite pour nous raconter l’histoire de la Jordanie. Je découvre les aspects géopolitiques du pays, je comprends mieux la situation dans la région. Très intéressant.

9h00 – nous arrivons à la frontière jordanienne. Il faut passer la douane et faire tamponner le passeport.

9h30 – nous quittons la frontière jordanienne pour traverser une zone démilitarisée. No man’s land.

10h00 – Premier barrage israélien. Il filtre et régule l’arrivée des nombreux cars. On s’aperçoit que les bus bloqués sont ceux des Palestiniens qui reviennent de leurs Omra. Nous, petits touristes français, nous passons sans problèmes.

10h30 – nous traversons le pont d’Allenby. Le poste de contrôle principal se trouve juste après. Nous descendons avec nos valises. C’est parti pour 3/4 d’heure d’attente en file indienne pour enregistrer nos bagages et les poser sur un tapis roulant qui les emportera, je ne sais où. Les personnes handicapées et en fauteuil roulant passent directement. La majorité des gens sont palestiniens, beaucoup d’enfants en bas âges et malgré le soleil, tout le monde à le sourire. Un premier aperçu de ce qu’est le peuple palestinien, toujours le sourire aux lèvres.

11h15 – j’arrive au premier guichet. Il scanne mon passeport et me donne un ticket à coller sur ma valise. Un Palestinien m’aide à mettre ma valise sur le tapis. Je le remercie « BarrakLlahou fik » il me répond « tu es marocain toi », il avait reconnu mon accent.

11H40 – je refais la queue pour  arriver à un point de contrôle militaire. Face à moi, une militaire, elle me demande mon passeport. Elle n’est pas commode.  Elle me dévisage durant 10 longues secondes et me demande mon prénom et mon nom, bien qu’il soit écrit dans le passeport qu’elle tient dans la main. Je réponds. Elle pianote sur son ordinateur. Je regarde à ma gauche, un homme, 25 ans environ, peut être moins, lunettes sur le nez, polo bleu, il porte en bandoulière un fusil d’assaut avec lunette de visée. La plupart des militaires ne dépassent pas 35 ans. Elle me rend mon passeport avec un autocollant dessus et une case cochée près d’un «C» en majuscule. Je comprendrais plus tard que ça veut dire «  À contrôler ».  

11h50 – rebelote. Nous refaisons la queue. Les enfants dans la file pleurent. Ils sont fatigués, nous le sommes tous. Prochain contrôleur encore une fois scanner nos bagages à main.

12h15 – j’ai passé le scan, mais l’agent ne veut pas me redonner mon passeport. Elle me dit d’attendre.

12h25 – toujours rien

12h30 – je demande à un soldat si je peux récupérer mon passeport, mon groupe m’attend. Sa responsable vient me voir, avec mon passeport à la main. Elle me demande pourquoi je suis ici. « Pour aller à Jérusalem ». Elle me rend mon passeport. Je n’ai pas tout compris

12h35 – nous sommes dans la grande salle de contrôle, comme dans un aéroport. Il y a une vingtaine de guichets dont une demi-douzaine d’ouverts. Toufik à la tête du peloton explique la situation et le sujet de notre voyage. Il répondra pendant plusieurs minutes à un certain nombre de questions.

13h30 – après avoir fait la queue chacun donne son passeport. À ce moment-là, le 3/4 du groupe le récupérera à ce moment-là et passera de l’autre côté. Pour faciliter les choses, depuis la France Safar Muslim décide d’envoyer le premier groupe à Jérusalem étant donné que nous ne savions pas pour combien de temps le reste du groupe passerait la frontière. Un second bus viendra nous prendre plus tard.

13h45 – pour ceux n’ayant pas récupéré leur passeport et dont je fais partie, nous devons remplir un formulaire : nom, prénom, profession, e-mail, numéro de téléphone, nom et prénom des parents, raison du voyage, etc.

14h – nous rendons notre formulaire

14h – 17h il faut tuer le temps. Je lis, je déjeune (merci à Cham de m’avoir offert le repas), on se raconte nos vies.

17h – un membre du groupe, le plus jeune, je crois, est interrogé. « Pourquoi viens-tu en Israël ? Est-ce que tu connais quelqu’un à Jérusalem ? Comment t’es-tu payé le voyage pour venir jusqu’ici ? » une série de questions pendant 10 min.

17h15 – je récupère mon passeport avec deux autres membres du groupe, nous passons de l’autre côté. Dans mon passeport un bout de feuille qui n’est rien d’autre que le visa. Le reste du groupe nous rejoindra 30 min plus tard.

17h20 – encore un peu d’attente, dernier contrôle, je récupère ma valise, je sors, je suis enfin de l’autre côté. Je suis en Palestine

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Démythifier la traversée de la frontière

Au départ, je ne me voyais pas être en Palestine aussi tôt. Je m’attendais à y être vers 21h. Cela m’a surpris. Tout s’est bien passé et pour le groupe aussi. Je pense qu’il y a deux raisons qui ont permis que tout se passe bien. Le premier, c’est d’être en groupe et le second est d’avoir un accompagnateur, un « Group Leader » en l’occurrence Toufik. Il n’était pas à son premier voyage avec Safar Muslim en Palestine, son expérience et celui de l’agence de voyages ont permis de contourner certains blocages. Je n’ai pas trouvé le passage frontalier long. Finalement, c’est à cet endroit que j’ai eu mes premiers contacts avec les Palestiniens, mes premiers échanges et les premiers sourires. Et puis c’est aussi à cet endroit que j’ai appris à connaitre certains membres de mon groupe avec qui j’ai passé 15 jours de voyage. Les moins jeunes du groupe sont passés en 3h de temps, les plus jeunes en 6-7h, et alors ? Si c’est le prix à payer pour découvrir Jérusalem et Al Aqsa, je trouve qu’il n’est pas cher.

Vos réactions 2réaction(s)

  • 1
    Ali 6 mai 2014

    salamou’alaykoum !
    Content de te lire, merci de nous faire revivre cette expérience inoubliable, je tiens à rappeler la chance que nous avons eu d’avoir un si bon groupe et un bon leader! Je ne cesse de repenser aux moindres instants vécues sur cette si belle terre de Palestine, où on se sent si bien soubhanAllah…

  • 2
    Aïda 8 mai 2014

    AsSalam alaikom,

    Je trouve la partie témoignage très bien. En revanche je suis très surprise de la fin.
    3h pr les plus âges 6 a 7h pour les plus jeunes et dire que ça n’est pas long c comme banaliser ces contrôles à répétition et cette attente.

    Vous êtes passé relativement facilement pas parce que vous êtes en groupe mais parce que vous êtes un gpe de pèlerins et que le motif du voyage est purement religieux.
    Un groupe qui va en Palestine avec des projets de solidarité et donc un motif politique ne peut simplement pas l’annoncer…

    في امان الله

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