Depuis 2017, la France a intensifié ses mesures de lutte contre le terrorisme et le séparatisme islamiste, entraînant la fermeture administrative de plusieurs mosquées à travers le pays. Ces actions s’inscrivent dans une politique visant à éradiquer l’extrémisme religieux et à garantir la sécurité nationale. Toutefois, la communauté musulmane de France exprime de vives inquiétudes quant à la légitimité de ces fermetures, souvent perçues comme injustifiées, voire abusives. Les fermetures de mosquées et d’écoles coraniques sont devenues des symboles de la tension croissante entre l’État et une partie de la communauté musulmane, qui se sent de plus en plus stigmatisée.
Une offensive administrative sans précédent
Depuis 2017, sous la présidence d’Emmanuel Macron, le nombre de mosquées fermées en France est alarmant. Cette offensive contre les mosquées a débuté dans le cadre de la loi du 30 octobre 2017 sur la sécurité publique (cipdr.gouv.fr) et de la loi du 24 août 2021 contre le séparatisme intitulé loi confortant le respect des principes de la République (ih2ef.gouv.fr), visant à éradiquer toute forme de radicalisme islamiste.
Dès le discours du président français en octobre 2020, le gouvernement a établi les bases d’une politique rigoureuse sous l’égide de la lutte contre le séparatisme et l’extremisme religieux de l’islam radical (vie-publique.fr).
Cette loi antiterroriste en France s’est concentrée, entre autres, sur les lieux de culte soupçonnés de diffuser des discours extrémistes. Entre 2017 et 2024, environ 718 établissements ont été fermés dans le cadre de la lutte contre le séparatisme islamiste, selon les autorités. Parmi ces établissements, plusieurs dizaines sont des mosquées ou des lieux de prière. Par exemple, en 2019, deux mosquées ont été fermées sous la loi antiterroriste (Middle East Eye).
Le gouvernement a déclaré que ces fermetures visaient spécifiquement des mosquées considérées comme radicales. En 2020, 22 mosquées avaient déjà été fermées pour des liens avec des prêches salafistes selon le gouvernement. La tendance s’est poursuivie en 2021 et 2022, avec d’autres fermetures orchestrées dans le cadre de la politique de lutte contre le séparatisme (L’Orient-Le Jour).
En 2021, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé la fermeture de 21 mosquées supplémentaires, dont certaines pour des prêches incitant à la haine ou pour des soupçons de financement étranger (L’Orient-Le Jour). Ces fermetures, justifiées par des motifs variés tels que la promotion de discours haineux ou l’incitation à la violence, ont souvent été décriées comme abusives, voire infondées. Certaines mosquées, comme celle de Pantin en 2020, ont été fermées pour six mois après la diffusion d’une vidéo liée à l’assassinat de Samuel Paty, malgré l’absence de lien direct avec l’attaque. Cependant, pour la communauté musulmane, ces fermetures sont perçues comme une stigmatisation collective, car elles affectent des lieux de prière et des communautés entières qui ne sont pas impliquées dans les faits reprochés (Anadolu Ajansi).
Ces chiffres montrent une accélération des fermetures administratives de lieux de culte musulmans, souvent justifiées par des discours extrémistes. Et depuis 2017, le nombre total de mosquées fermées s’élève à plus de 40, avec un accent particulier mis sur la période post-2020, marquée par la promulgation de la loi contre le séparatisme. Toutefois, ce chiffre ne cesse de croître, car de nouvelles fermetures sont encore en cours, parfois contestées.