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L’impératif d’une indépendance financière des mosquées de France

mosquee euros

« La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit. »

Amadou Hampâté Bâ

A l’heure où certaines décisions publiques vont à l’encontre d’une pratique sereine de leur culte par les musulmans, la question de l’indépendance financière des mosquées de France se pose avec d’autant plus d’acuité.

En effet, il est impossible de ne pas faire la corrélation suivante : si les décisions publiques peuvent porter atteinte à la liberté de culte des musulmans, c’est parce que ces derniers sont très dépendants des autorités publiques. Cette dépendance découle du fait que les musulmans n’ont pas une indépendance financière qui leur permettrait d’échapper à la tutelle paternaliste des pouvoirs publics.

Mais, comme l’avait remarquablement synthétisé Amadou Hampâté Bâ, « la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit. » Voilà pourquoi une tutelle paternaliste peut vite devenir une tutelle étouffante. De récents événements, dont Trouve Ta Mosquée s’est fait l’écho, le démontrent.

Il est donc tout à fait impératif que l’Islam en France, en particulier ses mosquées, se structure de telle sorte que son indépendance financière soit garantie.

Cette indépendance financière doit assurer l’indépendance matérielle des musulmans : il s’agit de faire en sorte que l’achat d’un terrain ou que la construction d’un bâtiment, par exemple, soient le résultat de décisions libres. Et non le fruit du bon vouloir des autorités publiques, de leur volonté, fluctuante en fonction des circonstances politiques, de faire un geste à l’égard des musulmans.

L’indépendance matérielle des musulmans est la clé essentielle pour déboucher sur une seconde indépendance, l’indépendance intellectuelle. Une dépendance financière et matérielle induit nécessairement une dépendance intellectuelle. Il s’agit de se mouvoir dans les limites, même implicitement formulées, fixées par celui dont on dépend. On ne réfléchit plus : on agit selon les directives de celui qui est la source du prêt, de la mise à disposition, de la facilitation. A l’égard de ce bienfaiteur, une forme d’allégeance est créée. Il s’agit de sortir de ce schéma infantilisant et aliénant : par l’indépendance financière, il faut voir un vecteur fondamental d’autonomisation matérielle du culte musulman. L’autonomisation matérielle est le premier pas vers la liberté intellectuelle.

Le principe étant posé, survient maintenant la question redoutable : comment assurer concrètement cette indépendance financière ? Le sujet est vaste, d’autant plus vaste qu’il n’y a certainement pas une réponse unique, uniforme, valable partout et pour tous. Que l’on se fixe comme impératif d’arracher l’indépendance financière : je ne doute pas de l’ingéniosité des musulmans à découvrir les moyens concrets de la matérialiser. Découvrir, ou redécouvrir ! Que l’on songe, par exemple, à notre très ancienne institution juridique, le waqf. Sans entrer dans les détails juridiques, le waqf consiste à affecter un bien au financement d’une activité cultuelle. Tous les revenus tirés de ce bien, par exemple un immeuble ou un magasin, ne peuvent qu’aller au financement de l’activité religieuse. Ce n’est là qu’un exemple. Qu’il puisse inspirer les musulmans dans la nécessaire recherche de leur indépendance financière, prélude nécessaire à leur liberté cultuelle.


Al-Saffâh


crédit photo: rémi

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    muhammad 15 décembre 2010

    assalam alaykum.
    je pensais que les associations musulmanes dependaient des municipalites uniquement en ce qui concerne l’octroi d’un terrain au niveau admnistratif, et qu’ils achetaient eux-memes ce terrain avec les dons des fideles. j’ai assiste a l’apres-elections municipales dans une mosquee du 77, ou le pdt etait mecontent car les jeunes ne s’etaient pas deplaces pour aller voter pour le maire qui leur promettait monts et merveilles. c’est vraiment triste cette dependance. ils nous tiennent par le bout du nez.

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