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Les shibanis : les constructeurs des premières mosquées de France

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Lorsque les gens apprennent que je fais le tour de France des mosquées, ils me demandent « Pour toi qu’elle est la meilleure mosquée ? » Le plus souvent, il parle de l’architecte, de l’esthétique, du minaret ou du dôme. Alors ils ne comprennent pas au début quand je leur dis, mais qu’est-ce qui fait la particularité d’une mosquée. Avant tout, ce sont les femmes et les hommes qui les composent. Ceux qui les construisent, ceux qui les font vivre. Chaque mosquée est unique, la particularité des individus fait la particularité de chaque mosquée. Alors je réponds et je raconte mes rencontres avec ces hommes. Mais depuis mon premier tour, les mosquées changent, car les gens changent. 

Il y a les anciens, ceux qu’on appelle dans les mosquées, les « shibanis », l’un d’eux pourrait être mon père ou même mon grand-père. J’ai pour eux un respect immense. Oui, évidemment, il y a le respect de nos anciens. Mais celui dont je vous parle est celui qui s’est imprégné en moi durant ce voyage en plus des deux précédents. J’ai un respect immense en raison de la tâche colossale que nos shibanis ont accomplie durant toutes ces années. Chaque fois que j’ai eu l’occasion de découvrir l’histoire d’un de ces bâtisseurs qui malgré les difficultés ont réussi à ouvrir une salle de prière, acheter un appartement ou un pavillon. 

Ces shibanis, pour la plupart sont des immigrés qui ont construit leur vie en France à partir de rien, sans aucune « mise de départ ». Aujourd’hui, ils sont pour la majorité à la retraite et encore aux commandes des mosquées de France (plus en province que dans la région Parisienne) et c’est forcément ces personnes qui caractérisent en premier lieu les mosquées de France. Le temps passant, cette population vieillit et par conséquent doit laisser place aux plus jeunes. Cependant, ce changement ne se fait pas toujours facilement, laisser la main à la génération suivante n’est pas chose aisée. Pour certains, c’est une question sensible, pas facile de laisser le « bébé » à quelqu’un d’autre. Dans certains cas, c’est une question de confiance, pensant que la génération suivante ne saura pas faire, ou du moins qu’elle n’a pas fait ses preuves pour en attester. Et puis dans d’autres cas, il y a des mosquées où les shibanis souhaiteraient confier la barre du navire, mais malheureusement il n’y a personne pour prendre la relève. J’ai croisé ce cas à la mosquée de Sète

Qu’ils soient simples fidèles ou membres dirigeants de la mosquée, les bâtisseurs des premières mosquées de France doivent cohabiter avec les générations qui suivent. Cela permettra un transfert de compétences qui sans aucun doute permettra aux nouveaux constructeurs d’être bien plus efficaces. Bien qu’il se fasse difficilement, généralement le passage du flambeau se fait tout de même.

Ce billet fait suite à l’article, Les mosquées de France à la recherche d’un business plan, et Les mosquées de France à la recherche d’une vision. Le but est de partager mes observations et partager l’expérience du Tour de France des mosquées.

Photo du fidéle musulman de Shutterstock

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